Témoignage : j’ai passé le concours d’entrée à Sciences Po Paris

Le billet qui va suivre est plus long et plus personnel que les autres articles publiés sur Quatre Quarts. Celui-ci n’implique que mon avis et ma vision personnelle du concours de Sciences Po Paris.

Le but n’est pas de dégoûter qui que ce soit de l’institution ou du concours en lui-même. Si je suis très critique à son sujet, il y a des personnes (j’en connais) pour lesquelles tout s’est bien passé, concours réussi ou non. Mon expérience ne s’applique pas à tout le monde et ne doit pas être considérée comme étant la norme.

 

Les 23 et 24 février derniers a eu lieu l’examen d’admission de Sciences Po Paris, examen auquel j’ai participé. L’examen est à lui seul une expérience à part entière et il fallait que je prenne le temps d’écrire quelques lignes à ce sujet.

Pour poser un peu de contexte, l’admission à Sciences Po se passe en deux étapes : le dossier et le concours. Le premier est composé (entre autres) d’une lettre de motivation et est noté d’une lettre, A, B, C. Ensuite vient le concours, d’abord un écrit (qui donne également une note A, B ou C) et d’un oral, passé uniquement si vous êtes décrété admissible (à savoir si vous obtenez AA, AB ou BA aux deux premières étapes). Si on parle souvent de « concours de Sciences Po », la partie écrite se révèle plutôt être un examen : pas de quotas, si vous êtes au dessus de la note demandée vous obtenez la lettre associée. Ce que Sciences Po ne manque pas de rappeler dans le mail envoyé une semaine avant l’examen à tous les candidats qui n’ont pas été déclarés admissibles sur dossier, même si la réalité est un peu différente. Sur le site, à la page destinée aux élèves non admissibles, il est écrit que les conversions sont effectuées « en fonction de la moyenne générale obtenue par tous les candidats ». Examen, donc, mais dépendant tout de même du reste du groupe.

 

Comment je me suis retrouvée à l’examen

Je me suis inscrite à l’examen de sélection de Sciences Po sur un coup de tête, presque au dernier moment. La première fois que j’ai tenté de m’y intéresser, le contenu des cours me plaisait mais j’étais (déjà) à l’époque considérablement refroidie par le soi disant « esprit Sciences Po » : l’étudiant auquel on répète qu’il est l’élite et qui considère d’un mauvais œil ce qui est différent. C’était en août ou septembre dernier et je n’y ai pas repensé avant fin novembre, une fois la période d’inscription commencée. C’est un ami (qui a également passé le concours) qui m’avait prévenue, le trimestre touchait à sa fin (le seul de terminale qui compte pour l’inscription à Sciences Po) et je me suis dit « allez, je le fais ». J’ai créé mon dossier le même jour et je l’ai rendu au dernier moment, le soir du 2 janvier (la date limite du rendu).

Aussi étrange que cela puisse donc paraître, Sciences Po n’est donc pas mon premier choix. Ce qui aurait pu être un avantage pour le concours, mais qui s’est révélé ne pas être un point positif, du tout : à côté, l’école que j’ai identifiée comme premier vœu sur Parcoursup est plutôt attentive aux bulletins dans son processus de sélection. Je n’étais pas en mesure de lâcher un peu de lest sur les cours pour me concentrer pleinement sur le concours.

A titre personnel, j’ai trouvé que la partie des révisions du concours était compliquée à coupler avec une vie d’élève de terminale lambda, en particulier quand votre premier choix n’est pas Sciences Po. J’ai commencé à réviser vers la mi-janvier et durant ce que j’appellerais tendrement mon rush de fin (environ une semaine et demi avant l’examen jusqu’au matin même où j’ai travaillé dans le métro) je n’ai plus pensé qu’au concours au point que ça en devenait presque une obsession. Lorsque vous vous inscrivez, on ne vous parle pas du poids mental qu’a le concours sur vous : quand vous ne travaillez pas, vous vous dites « je devrais être en train de travailler » et vous vous culpabilisez de ne pas le faire. C’est ce qui a été pour moi le plus difficile à supporter et aussi certainement la plus grande source de stress. L’examen étant en lui-même particulièrement stressant à lui tout seul, tant au niveau de la difficulté (présumée ou réelle) que du travail à accomplir : pour l’épreuve d’histoire il faut apprendre la totalité du programme de première, pour celle d’option en SES (celle que j’ai choisie) il fallait apprendre aussi le programme de première en plus des deux premiers thèmes de terminale, soit 25 chapitres pour les deux épreuves. J’ai eu la chance de recevoir un tout-en-un de révisions pour Noël (celui-ci qui était franchement plutôt bon) ce qui m’a permis de ne pas avoir à subir en plus le stress de devoir trouver des cours corrects par moi-même. En soit, la pression est certainement tout à fait gérable si on y est préparé, si l’on sait que l’on va devoir y faire face. Seulement, je ne l’étais pas.

 

Jours de concours

J’ai passé le concours au centre situé à Paris, qui se trouvait cette année au Parc Floral de Paris, pas loin du Château de Vincennes.

Il faut savoir que le lieu choisi est assez déroutant puisque quand vous regardez sur Google Maps il parait être en dehors de Paris, au point que je me suis demandé plusieurs fois si je regardais le bon endroit sur la carte.

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Si on vous donne techniquement tous les éléments pour trouver votre lieu d’examen sur la convocation, je pense qu’il aurait été appréciable d’indiquer la station de métro la plus proche, ne serait-ce que sur le site internet de Sciences Po. Ce qui aurait certainement pu éviter aux grands anxieux comme moi de passer la totalité du voyage à se demander s’ils allaient dans la bonne direction.

Une fois plus proche du Parc Floral, il était plutôt simple de trouver l’endroit où aller puisque le nom de l’entrée (il y en a plusieurs) était indiquée sur la convocation, avec en plus quelques panneaux sur les grilles pour guider vers la bonne entrée. Une fois dans le parc, le chemin est aussi guidé jusqu’à l’espace événement (où nous avons composé) donc pas de problèmes de ce côté-là. Le lieu est très beau, c’est un point à souligner. Le dimanche, j’ai même eu l’occasion de voir un paon lorsque j’étais en train de manger.

Sur la convocation il était écrit que nous devions arriver une heure et demi avant le début de l’épreuve pour des questions de plan Vigipirate. Il était aussi précisé que tous les candidats seraient fouillés et que leur identité serait systématiquement contrôlée, ce qui n’a pas vraiment étonnée. Sauf que, surprise : je n’ai pas été contrôlée à mon entrée dans l’espace événement, et j’étais loin d’être la seule. J’ignore si c’était pour fluidifier l’entrée des candidats (qui faisaient encore la queue sur plusieurs dizaines de mètres trente minutes avant l’épreuve) mais on n’a vérifié ni mon sac, ni ma carte d’identité ni même si j’avais une convocation. L’organisation laissait un peu à désirer le premier jour, ce qui a participé à créer une ambiance anxiogène pour les candidats et leurs accompagnateurs. Seulement, j’imagine qu’un tel événement doit être compliqué à gérer donc c’est au final assez compréhensible.

J’ai alors cherché ma porte que j’ai trouvée plutôt facilement aussi grâce aux panneaux. Définitivement, savoir où aller une fois que vous êtes proche du parc ne devient plus jamais un problème puisque tout est clairement indiqué. Je suis donc rentrée dans ma zone. Je ne savais pas réellement à quoi m’attendre en arrivant puisque je n’avais pas lu de textes qui expliquait le déroulé précis de l’examen et dans quel genre d’environnement nous allions composer. A ce moment-là, je commençais à être vraiment très stressée. Même si j’étais à priori moins préoccupée par l’idée de réussir ou non l’examen, tout ceci était très nouveau pour la petite élève de terminale que je suis. Je suis très loin d’être une bête de concours, je n’avais pas fait de prépa Sciences Po et ma seule expérience d’un examen important était constituée des épreuves du brevet et du bac de sciences et de français. Globalement, c’était une grande découverte pour moi.

Quand vous entrez dans la zone, la première chose qui vous frappe c’est le bruit. Des gens qui parlent, des chaises qui bougent, des bruits de fermeture éclair lorsque quelqu’un ferme son sac et une voix dans un haut parleur qui demande à tous les nouveaux arrivants de s’asseoir. L’espace événement est une sorte d’énorme salle avec plein d’angles, un peu comme à Paris Porte de Versailles, et celle-ci était remplie de tables et de chaises à perte de vue. Vraiment à perte de vue. Nous devions être au moins mille rien que dans la partie que je pouvais voir et il y avait d’autres zones qui se trouvaient dans des angles qui ne m’étaient pas visibles. C’est quelque chose de vraiment très impressionnant, en particulier quand vous n’y avez pas été préparés. Vous vous sentez vraiment tout petit, vous vous dites « bien, je vais devoir sortir un minimum du lot par rapport à tous ces gens-là ».

Une fois l’effet de surprise passé, il faut trouver sa table, ce qui n’est évidemment pas simple vu le nombre de tables dans la zone. Heureusement, les surveillants guidaient les élèves jusqu’à leur rangée. Une fois assis, vous vous installez, vous sortez vos affaires, stylos, bouteille d’eau, convocation… Détail important : une bonne partie des tables étaient bancales. Et quand je dis une bonne partie, je ne plaisante pas : les surveillants avaient des grands sacs en plastiques remplis de morceaux de cartons qu’ils donnaient aux candidats pour caler leurs tables (il faut quand même souligner qu’une solution a été proposée pour que l’on puisse composer sur une table stable). En plus de l’environnement, les gens sont aussi déstabilisants (malgré eux) : autour de moi beaucoup avaient l’air de se connaitre et discutaient quand je ne connaissais vraiment personne. J’avais l’air d’être une des seules à être dévorée par le stress. Je ne sais pas si les gens de ma zone avaient une très bonne gestion de leurs émotions ou s’ils n’étaient pas stressés du tout (ce dont je doute) mais alors que j’étais au bord des larmes j’entendais des gens plaisanter gaiement jusqu’au tout dernier moment, celui où l’on nous a donné les consignes. Globalement, ces consignes ressemblent plutôt à celles du bac. Pas de sorties avant la fin de la première heure et pendant le dernier quart d’heure, coller les étiquettes sur les copies… Ce qui a été plutôt surprenant, c’est qu’on nous a dit que si on voulait rendre copie blanche, on devait écrire « je rends copie blanche » sur la copie. Le moment des consignes est un moment un peu lunaire, où un hangar de lycéens se tait au même moment alors qu’ils parlaient tous la seconde précédente, et où vous entendez alors des choses comme « bienvenue à l’examen d’admissibilité du concours de Sciences Po Paris » ou « glissez vos sacs sous vos chaises ». Un autre moment hors du temps a eu lieu durant les consignes de la première épreuve : alors que les surveillants distribuent les sujets, la voix du haut-parleur demande à tous ceux qui ont pris SES de lever le bras. A ce moment, cinq cent personnes au moins lèvent le bras, dont moi. Et après une seconde de silence où nous nous sommes tous dévisagés, nous avons tous éclaté de rire exactement au même moment. C’est une anecdote dont je me rappellerai toujours, qui me donne le sourire et qui constitue à elle-seule l’une des raisons pour lesquelles je ne regretterai jamais d’avoir passé ce concours.

Pour l’épreuve à option, j’avais donc choisi la SES. L’épreuve est composée d’une question sur un phénomène macro ou microéconomique (un peu comme une EC1 pour les initiés) et d’une dissertation. Il faut dire que cette année nous avons été plutôt chanceux puisque le sujet de la dissertation portait sur quelque chose que j’avais fait en cours la semaine précédente (et je pense que je ne suis pas la seule). Après avoir pleuré un bon coup face au sujet, je me suis donc mise à composer. L’épreuve dure trois heures, et ce qu’il est primordial de savoir avant le jour J c’est que trois heures, c’est court pour faire ce qui est demandé. En guise de comparaison, l’épreuve de SES d’un bac ES dure quatre heures, au cours desquelles on fait soit une épreuve composée, soit une dissertation. Ici, en une heure de moins, il faut pouvoir faire la dissertation et une question en plus qui demande tout de même plus d’une demi-heure. J’ai à peine eu le temps de relire ma copie à la fin. Quant à l’épreuve de langues, le temps donné (une heure et demi) est relativement correct pour ce qui est demandé : quatre questions de compréhension du texte et un essai de deux pages sur un sujet lié au texte. Deux pages, ça peut paraître beaucoup, mais pour l’épreuve de langue on écrit sur des copies prévues pour et les pages comportent moins de lignes qu’une copie double standard.

Il y avait une demi heure de pause entre l’épreuve à option et celle de langue, mais nous n’étions pas autorisés à sortir, ce qui est très, très dommage. Nous ne pouvions même pas nous lever pour faire quelques pas. A ce moment-là il était environ 16h, nous étions là depuis trois à quatre heures et la grande majorité des candidats (dont moi-même) n’avaient pas bougé depuis leur arrivée. J’espérais pouvoir aller aux toilettes, c’était raté. Au final nous sommes sortis aux alentours de 18h30 de la salle, ce qui fait que nous sommes restés environ six heures sans bouger et sans pouvoir aller aux toilettes. Pas top. Techniquement, c’était possible d’aller aux toilettes pendant ces six heures, mais il aurait fallu y aller pendant une épreuve et si j’étais sortie à ce moment-là j’aurais manqué de temps pour terminer de composer. Le temps de traverser tous les portails, il était déjà 19h et je suis rentrée chez moi aux alentours de 21h. Je n’avais qu’une hâte : finir les épreuves et ne plus jamais en reparler.

 

Le dimanche avait lieu l’épreuve d’histoire. L’organisation s’était déjà beaucoup améliorée par rapport à la veille et les candidats rentraient de manière beaucoup plus fluide, ce qui est un très bon point. J’ai même été contrôlée avant de pouvoir rentrer dans l’espace d’examen.

Cependant, j’ai raté l’épreuve.

Comme dit auparavant, coupler une vie d’élève de terminale et les révisions du concours est parfois très ardu et j’ai dû faire l’impasse sur certains chapitres du programme. Qui sont évidemment tombés au concours. L’épreuve dure quatre heures, elle est constituée d’une composition et d’une étude de document, comme l’épreuve du baccalauréat d’histoire et géographie. Je n’avais révisé aucun des deux sujets tombés en composition et celui d’étude de document non plus. J’avais déjà la chance d’être beaucoup moins stressée que la veille, ce qui a fait que j’ai pu garder mon sang-froid en voyant que j’étais sur le point de rater l’épreuve. J’ai essayé de bricoler quelque chose à partir de connaissances personnelles pour la composition et j’ai fait au mieux que j’ai pu pour l’étude de document. Je suis sortie environ quarante minutes avant la fin de l’épreuve.

Le moment de la sortie était l’un des plus beaux moments de tout le week-end de concours. Je suis sortie de la salle et j’ai marché lentement vers la sortie du parc, qui était toujours ouvert au public. J’ai entendu des enfants qui riaient, j’ai vu le soleil qui commençait déjà à descendre. En me retournant vers l’espace d’examens, j’ai pensé « c’est fini ». C’était terminé. Les épreuves étaient finies. On se sent libre. J’avais en plus la chance d’être en vacances juste après le concours, elles commençaient à ma sortie de la salle ce qui rajoutait encore du positif au moment. On pense « ce n’est plus de mon ressort ». Les copies sont rendues, plus moyen d’ajouter des informations. Mon sort n’est plus entre mes mains.

 

Le mot de la fin

Le concours de Sciences Po est, comme je le disais, une expérience à part entière. Environ dix heures étalées sur deux jours au milieu de plus de mille autres personnes, à composer pour rentrer dans une grande école, c’est un événement qui ne s’oublie pas et surtout qui aide à limiter le stress avant des contrôles de lycée. Parce qu’aucun examen ne peut être plus anxiogène que lorsqu’il est réalisé dans un hangar au milieu d’un millier d’autres élèves, avec des bruissements de feuilles permanents et des grincements de chaises. Au cours d’un examen, rien n’est plus anxiogène que de voir quelqu’un deux tables plus loin demander une autre feuille lorsque tu en es à peine à la moitié de la tienne, rien n’est plus anxiogène que d’entendre « il vous reste cinq minutes » dans un haut-parleur alors que ta conclusion n’est pas finie et surtout rien n’est plus anxiogène que d’entendre quelqu’un dire « c’était trop facile » quand toi, tu es loin d’avoir trouvé ça « trop facile ». Un grand concours comme celui de Sciences Po est probablement l’une des expériences les plus stressantes qu’il m’ait été donné de vivre.

En parallèle, le concours et les candidats du concours m’ont mise face à une réalité pas forcément agréable : même si je suis bonne élève, je ne me sentais pas à la hauteur (et je n’ai pas été à la hauteur). Quelque part, dans le regard de ce petit groupe que j’ai croisé dans le métro en allant à l’épreuve du dimanche, ou dans l’expression de cette fille deux rangs plus loin quand j’ai levé la main pour rendre ma copie d’histoire quarante minutes avant la fin, je sentais que je n’étais pas à ma place. C’est principalement pour cette raison que, lorsque j’ai reçu le 2 avril le mail qui me confirmait que je n’étais pas admissible, je n’ai pas été déçue. Tout d’abord, au vu du désastre qu’avait été mon épreuve d’histoire, cela n’a pas été une surprise. Mais surtout, si je n’avais pas pu me sentir à ma place lors du concours, je comprenais mal comment cela pouvait être différent si je finissais par étudier à Sciences Po. A ce que j’ai pu constater, Sciences Po est un esprit et je ne semble pas l’avoir. Ce qui n’est, en soit, ni bon ni mauvais.

Mais au delà de tout ceci, il y a la gratification d’être là. De rendre une copie comme tout le monde dans la salle, d’avoir écrit des trucs pas si mauvais que ça dessus, et surtout de sortir et de se dire « je l’ai fait ». Même si je sais d’ores et déjà que je ne pourrais pas me rendre à l’oral, j’ai la fierté d’être allée jusqu’au bout et d’avoir écrit des choses dont je n’ai pas à rougir. Lorsque l’on m’a demandé si j’avais réussi mon concours, j’ai répondu « non, mais je suis fière de moi ». Parce que je l’ai fait. J’ai fait le concours de Sciences Po.

 

Ce que je donnerais comme principal conseil à tous ceux qui voudraient faire Sciences Po, ce serait de ne pas prendre la chose trop au sérieux. Evidemment, il ne faut pas être nonchalant, mais il ne faut pas avoir la sensation de jouer sa vie. Même si vous êtes à fond dans Sciences Po, que vous lisez, mangez, dormez Sciences Po, il ne faut surtout pas se mettre trop la pression au risque de ne pas être au maximum de soi-même. Il y a toujours des solutions si vous ratez. Il y a les IEP de province, il y a les masters, vous pouvez même repasser le concours l’année après votre bac si vous l’avez raté la première fois.

Il faut savoir que ça sera difficile. Ce serait mentir que de dire le contraire : toute la première partie de votre année de terminale sera réservée à Sciences Po, voire même la totalité de votre année si vous êtes sélectionné pour les oraux. Vous serez très stressé, au moins le premier jour du concours, mais si vous partez en le sachant d’avance, vous serez très probablement capable d’y faire face. Il n’y a rien de particulièrement insurmontable.  Au final, il suffit juste de savoir à quoi vous allez avoir affaire, d’être prêt. Et si vous hésitez à passer le concours, faites le malgré tout si vous en avez les moyens. Même si toute la période des épreuves est un peu embêtante, on en ressort grandi. Personnellement, je vais devoir passer des concours plus tard, pour faire les études que je souhaite faire. Sciences Po était un peu mon crash test. J’aurai déjà l’expérience d’un concours et je ne découvrirai pas la chose sur le moment. Une autre chose très importante : ne rendez pas votre dossier de candidature au dernier moment et ne vous dites surtout pas que « vous avez le temps ». C’est le meilleur moyen pour renforcer le stress et prendre le risque de rendre quelque chose de médiocre.

Mais surtout, faites de votre mieux. Comme dans tous les concours, cela ne dépend pas uniquement de vous mais aussi des correcteurs, du nombre de places, des autres candidats, des circonstances… Vous ne pouvez pas prévoir, alors faites juste de votre mieux. Sortez juste de la salle en étant fier de vous. Croyez en vous même si on vous regarde comme si vous n’aviez rien à faire là. Vous seul savez ce que vous valez, pas ceux qui vous jugent. Et n’oubliez pas que si vous ratez, vous pouvez toujours recommencer. Bon courage à vous !

 

 

Photographie en tête d’article : Sciences Po Paris, 28 rue des Saints-Pères, Paris 7e par Celette (page d’origine ici) / Wikimedia Commons (licence CC BY-SA 4.0)

 

Pourquoi le scandale de l’influenceuse végane surprise à manger du poisson ne prouve pas les « dangers » du véganisme

Rawvana est une YouTubeuse, blogueuse et « influenceuse » végane plutôt connue : elle fédère presque deux millions d’abonnés sur sa chaîne espagnole et compte 1,3 millions d’abonnés sur son compte Instagram. Récemment, Rawvana a été filmée en train de manger du poisson, ce qui a créé le scandale parmi ses abonnés.

Le style de vie végane (car le véganisme est plus un style de vie complet qu’un régime alimentaire) implique de ne consommer aucun produit issu de l’exploitation animale, dans son alimentation comme dans ses vêtements ou ses produits cosmétiques : un ou une végane ne consomme entre autres pas de viande et de poisson, de lait, d’oeuf, de miel, ne porte pas de laine ou de cuir et utilise des produits non testés sur les animaux. Si on parle uniquement du régime alimentaire, on utilise plutôt le mot végétalisme. Un style de vie qui a pour but, pour ses défenseurs, d’être plus respectueux (de soi et des animaux) et meilleur pour la santé. Le véganisme est très critiqué et cette affaire sert pour beaucoup de ses détracteurs comme « preuve » de ses dangers. Seulement, si le régime alimentaire de Rawvana a pu être dangereux pour sa santé, il semblerait que ça ne soit pas à cause du véganisme. Pourquoi ?

 

Rawvana, végane crudivore adepte du jeûne

Le nom « Rawvana » vient de la contraction de « raw » (cru en anglais) et Yovana, le prénom de la jeune femme. En effet, Rawvana n’était pas seulement végane, mais raw vegan : en plus de ne consommer aucun aliment d’origine animale, elle ne consommait presque que des aliments crus. Elle explique dans une vidéo datée du 15 mars 2019 ce qui l’a amenée à consommer de nouveau des aliments d’origine animale (ici, des œufs et du poisson).

THIS IS WHAT IS HAPPENING

Rawvana English

(La vidéo ne propose ni de sous-titres français, ni anglais, mais les sous-titres automatiques sont relativement fidèles à ce qui est réellement dit)

 

Le réel problème ici n’étant pas tellement sa pratique du crudivorisme, mais plutôt le fait que Rawvana semble jeûner régulièrement : elle raconte dans la vidéo que ses problèmes de santé ont commencé après un jeûne de 25 jours au cours desquels elle n’a bu que de l’eau. Si elle dit à propos de ce jeûne que c’est « l’une des expériences les plus incroyables de [sa] vie », elle avoue également qu’elle « ne sait pas comment elle a pu réussir à le faire » mais qu’elle se sentait « merveilleusement bien et au sommet de l’univers ». Elle explique ensuite qu’à l’époque (avant sa cure), elle suivait un régime alimentaire cru, végétalien et pauvre en graisse et qu’après sa cure, elle avait commencé à ne plus avoir ses règles. Toujours d’après sa vidéo, Rawvana n’avait plus ses règles depuis deux ans avant de commencer à se demander pour quelle raison celles-ci étaient absentes. Après des tests chez un naturopathe, les résultats indiquent qu’elle est dans un état hormonal de femme préménopausée. Elle change alors de façon de se nourrir (mais reste végane) et voit réapparaître ses règles de façon irrégulière, qui s’arrêtent de nouveau un an plus tard. Après d’autres problèmes de santé, comme de l’anémie ou le SIBO (une prolifération de bactérie dans les intestins), Rawvana décide de recommencer à manger des œufs et du poisson.

 

Ce qui a (probablement) causé les carences de Rawvana

La jeune femme est catégorique : elle ne dit pas que le régime alimentaire végétalien n’est pas bon, et elle ajoute même qu’elle « aimerait pouvoir remanger végétalien ». Lors du scandale, elle consommait des œufs et du poisson depuis environ deux mois et elle s’est d’abord sentie « coupable et honteuse » lorsqu’elle a recommencé à en consommer. Soit. A la base, les carences de Rawvana ne viennent probablement pas de son régime végétalien. Une quarantaine de professionnels de la santé défendaient dans une tribune publiée en 2017 dans France-Soir (décrite dans cet article par CNEWS) que « l’alimentation végane est saine et viable, à tous les âges de la vie ». A entendre parler Rawvana, elle maîtrisait parfaitement les clés du régime végétalien, et même si seul un médecin peut attester parfaitement de cette information, il y a peu de chance que ses carences viennent de là.

L’absence de dangers d’un régime crudivore et pauvre en gras semble déjà moins avéré, mais il est presque certain que les carences de Rawvana sont en grande majorité dues à ses diètes (notamment celle qu’elle évoquait dans la vidéo, où elle n’a consommé que de l’eau durant 25 jours) qui semblent plutôt fréquentes. En outre, elle a attendu deux ans après l’arrêt de ses règles pour consulter un médecin. Hors grossesse et ménopause, l’arrêt brutal des règles est presque toujours le signe que quelque chose ne va pas. On conseille même de consulter si l’absence de règles dure plus de deux ou trois mois. Seulement, ici Rawvana a attendu deux ans avant d’aller voir un médecin. En attendant aussi longtemps, elle a probablement aggravé ses problèmes de santé et favorisé la réaction en chaîne qu’elle décrit dans sa vidéo (même si, encore une fois, seul un médecin peut confirmer cette affirmation).

 

Pourquoi Rawvana doit malgré tout être critiquée ?

Rawvana ne doit malgré tout pas être excusée de son comportement. Le véritable problème est qu’ici, en plus d’avoir mis sa propre santé en jeu, Rawvana a mis en danger sa communauté. En effet, sur son site internet, Rawvana propose à la vente ses livres qui sont supposés « remettre à zéro le corps pour qu’il ait envie de nourriture saine » (cette phrase étant issue de la page de présentation d’un des trois livres). Elle vend trois livres, dont un qui apprend à manger végétalien et cru pendant trois semaines et un autre qui vous promet de « réapprendre à vous aimer ». Je n’indique pas les liens de ces livres pour des raisons évidentes, mais n’hésitez pas à aller vérifier par vous-même pour en avoir le cœur net.

Le premier livre propose une cure de quatre semaines et en « bonus » le mode d’emploi pour une cure detox de trois jours uniquement à base de jus. Il est même dit que Rawvana utilise cette cure de jus « à chaque fois qu’elle a besoin de réinitialiser son système ». Le livre coûte 39 dollars US, soit environ 35 euros. Ici, l’idée de cure detox est dangereuse puisque le mot detox fait partie des expressions de la Diet Culture, ou culture diététique en français, une forme d’apologie sous-jacente de la minceur et des régimes (pour approfondir le sujet, cet article en anglais de Christy Harrison parle plus en détail de la Diet Culture et de ses dangers). Souvent, cette culture diététique contribue à compliquer les rapports entre certaines personnes et la nourriture, voire entre certaines personnes et elles-même. Ce post sur Instagram de la blogueuse Lucy Mountain expose ce qui constitue les signes d’alerte qui montrent quand on a affaire à de la Diet Culture.

Le deuxième livre vante les mérites du régime végétalien cru consommé par Rawvana avant ses problèmes de santé et prend la forme d’une cure de trois semaines, pour la modique somme de 69 dollars US, soit environ 61,5 euros. Ici, la blogueuse promet de perdre « au moins 5 kilos » grâce à une cure detox associée à un programme de yoga et des recettes de produits de beauté. En dehors de la réutilisation du mot detox, Rawvana propose de perdre 5 kilos ou plus en trois semaines, alors que l’objectif de perte de poids raisonnable, durable et sans dangers se situe aux alentours d’un demi à un kilo par semaine. Le troisième livre (une cure de trois semaines végétalienne à 49 dollars US, soit environ 43,5 euros) reprend les mêmes promesses tout en ajoutant que les utilisateurs perdront 5 kilos ou plus mais « sans pilules » et « sans s’affamer ». La cure promet également d’être à 100% végane, sans gluten, sans huile, sans soja et sans fruits à coque. Cela laisse peu de catégories d’aliments, à priori presque seulement des fruits et des légumes.

Au fond, le réel problème avec Rawvana est qu’elle a continué à vendre ses livres en catégorisant ses cures comme étant bénéfiques, alors même que son régime alimentaire plus ou moins équivalent lui a apporté des problèmes de santé. Rawvana fait également appel à des termes appartenant à la culture diététique, qui peuvent être dangereux en fonction de celui ou celle à qui ils sont adressés. La blogueuse continuait à vendre ses livres prônant le crudivorisme alors même qu’elle ne mangeait plus cru depuis environ un à deux ans. Dans une vidéo de 2014, elle vantait les mérites de la diète de 25 jours à l’eau qu’elle évoquait plus haut : même si elle rappelle que « les diètes ne sont pas pour tout le monde » et qu’il faut se faire accompagner par « quelqu’un qui s’y connait en la matière » et ne pas se lancer seul, Rawvana présente cette même diète qui fut le déclencheur initial de ses problèmes de santé avec des termes élogieux.

Pour toutes ces raisons, le comportement de Rawvana peut présenter des dangers pour elle-même et pour sa communauté, mais ses problèmes de santé ne prouvent rien sur les « dangers » du véganisme.

 

Photographie en tête d’article : Rawvana / rawvana.com

4 manières simples d’aider l’environnement au quotidien

Cet article fait appel à de nombreux chiffres, études et ressources extérieures. Toutes les sources sont disponibles en cliquant sur les chiffres en question.

Le paragraphe sur la salle de bain parle de menstruations. Si ce sujet vous dérange, il vaut mieux passer cette partie.

Récemment, avec les Fridays For Future (mouvement de grève étudiante lancé en août 2018 par la suédoise Greta Thunberg), la pétition l’Affaire du Siècle (et la Marche du Siècle du samedi 16 mars 2019) ainsi que l’étude alarmiste de l’ONU, plaçant le « point de non-retour écologique » à 2020, les problématiques environnementales sont au cœur des débats publics et des médias. Il faut dire que selon certains experts, les lycéens et étudiants d’aujourd’hui (et par conséquent, ma génération) seraient la dernière génération à pouvoir espérer changer les choses et éviter le désastre écologique vers lequel nous fonçons.

Evidemment, le principal changement doit venir des multinationales et des industries : selon un rapport réalisé en 2017 par l’ONG Carbon Disclosure Project, 100 entreprises seraient responsables à elles-seules de plus de 70% des émissions mondiales de carbone. Le carbone est un des gaz provoquant l’effet de serre, qui est responsable en grande partie du réchauffement climatique. Difficile d’être optimistes face à cette information. Cependant, il a été prouvé de nombreuses fois au cours de l’histoire que des petits gestes généralisés peuvent parfois amener à quelque chose de bien plus grand. Parce que les petits ruisseaux font les grandes rivières, voici 5 manières d’aider l’environnement au quotidien, sans faire (trop) d’efforts.

 

Acheter des fruits et légumes de saison (et locaux)

Concrètement, à quel point ça pollue d’acheter des fruits et légumes hors-saison ? Beaucoup : il faut chauffer les serres lorsque c’est produit localement, acheminer les produits si c’est produit hors du territoire… On estime que lorsqu’une tomate est cultivée hors saison et en serre chauffée, elle consomme dix fois plus d’énergie et elle émet dix fois plus de dioxyde de carbone (le fameux responsable de l’effet de serre) qu’une tomate cultivée en pleine saison, en plein air. D’ailleurs, les émissions de gaz à effet de serre dues à l’alimentation représentent 30% des émissions totales d’origine humaine. C’est plus que les transports et le chauffage des bâtiments. Pour limiter cet impact, il est possible de consommer des fruits et légumes de saison. En plus de moins polluer, un fruit ou un légume de saison a souvent meilleur goût, est moins exposé aux pesticides et coûte généralement moins cher. Vous pouvez imprimer un calendrier des fruits et légumes de saison et le coller sur votre frigo ou vos placards, ou si vous préférez l’avoir sur vous pour faire les courses vous pouvez télécharger l’application Etiquettable (gratuite sur iOs et Android) qui contient plein d’autres ressources pour un mode de consommation plus écologique (comme la liste des poissons menacés par la surpêche).

 

Moins polluer dans sa salle de bain

Limiter son impact polluant passe aussi par la réduction de ses déchets, et la salle de bain est un nid à déchets. Vous pouvez utiliser des shampoing et gels douche solides, qui en plus de nécessiter moins d’emballages durent généralement plus longtemps que leurs équivalents en bouteille. Pour les personnes qui se maquillent, les cotons démaquillants sont aussi un déchet qui peut facilement être contourné à travers des sets de cotons en tissus réutilisables. Egalement, pour les personnes qui ont leurs règles, qui ne souhaitent pas utiliser de Cup et qui ne sont pas trop dérangées par la vue du sang, les serviettes hygiéniques lavables sont un bon investissement pour limiter ses déchets. On m’a personnellement conseillé celles de Dans ma Culotte (que je n’ai pas pu tester pour l’instant), en ajoutant cependant que les serviettes flux normal sont un peu petites. Si elles peuvent paraître un peu chères, elles semblent être un bon investissement car elles ont une durée de vie de trois ans. Sinon, d’autres marques proposent des produits similaires à des prix plus abordables.

Attention malgré tout à la composition des produits que vous achetez.

 

Faire le ménage dans son ordinateur

Les ordinateurs sont aussi une forte source de pollution à cause de l’électricité qu’ils consomment. Or, produire de l’électricité génère du carbone, sans parler des effets du nucléaire en particulier (qui utilise beaucoup d’eau et crée des déchets radioactifs). Évidemment, il est important de toujours éteindre ses appareils quand ils ne sont pas utilisés. Si vous voulez vous assurer que vos appareils ne consomment pas lorsque vous ne les utilisez pas, vous pouvez les débrancher ou les brancher sur une multiprise avec un bouton pour activer/désactiver.

Au niveau de l’utilisation de votre ordinateur, il y a également plusieurs choses que vous pouvez faire. Tout d’abord, vous pouvez utiliser un moteur de recherche « écologique » comme Ecosia (qui plante des arbres) ou Lilo (qui vous permet de donner de l’argent au fil de vos recherches à l’association de votre choix, y compris des associations environnementales). Ma préférence va vers Lilo car le problème d’Ecosia est que les recherches passent par les plateformes de Bing et Yahoo, qui sont plutôt polluantes (plus que celles de Google).

Ensuite, vous pouvez trier (et supprimer) régulièrement vos mails : selon la startup française Cleanfox (dont l’étude est détaillée dans un article de 20minutes), pour chaque email stocké, dix grammes de CO2 sont générés par an, sachant que 100 kilomètres en voiture équivalent à environ 20 kilogrammes de CO2, soit 2000 mails. Cette pollution est due aux data centers (des centres de traitement des données) sur lesquels sont stockés les mails, qui polluent beaucoup. Pour limiter cet impact, vous pouvez régulièrement trier vos mails (en supprimant les plus inutiles et les plus encombrants) et vous désabonner des newletters qui pourraient vous envoyer d’autres mails à supprimer par la suite.

Enfin, vous pouvez utiliser un « mode sombre ». Un mode sombre c’est, comme son nom l’indique, un mode qui est sombre. La plupart des sites internet que vous utilisez tous les jours sont équipés d’un mode clair (celui là compris) donc essentiellement composé de blanc et de teintes claires. Le mode sombre, lui, fait l’inverse : il affiche du noir et des couleurs sombres. Tout le secret provient du fait qu’un écran consomme plus d’énergie à afficher du blanc que du noir, et s’il consomme plus d’énergie, il doit être chargé plus souvent et donc utilise plus d’électricité. Si le mode sombre est bon pour la planète, il présente de nombreuses autres utilités : il aide à mieux se concentrer, il abîme moins les yeux et il diffuse moins de lumière bleue. Les modes sombres ne sont pas présents sur tous les sites internet et applications, mais de plus en plus d’entre-eux rendent disponible cette fonctionnalité.

 

Un jour par semaine sans viande

Début janvier 2019, près de 500 personnalités publiques s’engageaient à ne plus manger ni viande ni poisson tous les lundis, pour des raisons éthiques et environnementales. C’est ainsi que sont nés les Lundis Verts. Si à l’époque de son lancement cette opération a suscité beaucoup de critiques, il n’est pas moins clair que la consommation de viande est très polluante. Selon l’appel officiel des Lundis Verts, qui reprend une étude de l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, « produire une seule calorie de viande nécessite quatre à onze calories végétales ». L’élevage nourrit moins de personnes que l’agriculture et c’est une des principales causes de la déforestation : toujours selon l’appel officiel, « 85% des surfaces déboisées de la forêt d’Amérique du Sud ont été dédiées à l’élevage ». Le texte poursuit avec une étude des Nations Unies, indiquant que la production de viande correspond à « 14.5% des émissions totales des gaz à effet de serre ». L’élevage utilise aussi beaucoup d’eau. L’appel officiel au Lundi Vert termine ses explications environnementales en décrivant l’impact sur la pollution de l’air (à l’ammoniaque, dont 70% des émissions sont dues à l’élevage) ainsi que les dégâts de la surpêche.

Les effets positifs de la limitation de la consommation de viande sont multiples : c’est bon pour la planète, c’est bon pour la santé (consommer trop de viande augmente les risques de maladies cardiaques) et c’est plus respectueux envers les animaux. Ainsi, il n’y a (presque) que des bons côtés à se lancer. Cependant, il ne faut pas foncer tête baissée, car quelques détails sont à prendre en compte avant de commencer : tout d’abord, il faut choisir la bonne journée. Si l’idée originale se passe le lundi, rien n’empêche de choisir plutôt le mardi ou le jeudi si cela vous arrange le plus. Le but étant de faire une bonne action pour la planète, les animaux et pour soi, pas de se frustrer, la frustration étant le meilleur moyen d’abandonner. Il faut également savoir où trouver d’autres sources de protéines pour ne pas risquer de développer des carences : dans les œufs et le fromage évidemment, mais aussi dans les lentilles, les pois chiches, la spiruline ou le tofu.

Si vous voulez en apprendre un peu plus sur l’impact polluant de la viande, cette vidéo de Kurzgesagt est très bien faite (des sous-titres en français sont disponibles) :

Why Meat is the Best Worst Thing in the World

Kurzgesagt – In a Nutshell

 

Il est clair que sans grand changement de la part des industries, le monde court probablement à sa perte. Mais avoir conscience de cette information ne doit pas nous empêcher d’agir chacun à notre échelle : si tout le monde faisait un petit effort de son côté, on pourrait peut-être changer un peu les choses. Malgré tout, il ne faut ni se sentir coupable, ni pas concerné : chacun doit agir, mais dans la mesure de ce qu’il peut faire. Aucun grand pas ne sera fait sans l’aide des gouvernements, mais des petites actions généralisées peuvent contribuer à éveiller les consciences et entraîner des événements qui, peut-être, stopperont ce que nous avons nous-même commencé.

 

 

Liste complète des sources :

Photographie en tête d’article par Wil Stewart

 

L’Affaire du Siècle : site internet

Il reste deux ans pour agir contre le réchauffement climatique : étude de l’ONU décrite par Europe1

100 entreprises responsables de plus de 70% des émissions mondiales de carbone : rapport de Carbon Disclosure Project expliqué par Sciences et Avenir

Données sur les fruits et légumes hors-saison : site internet d’Etiquettable

Calendrier des fruits et légumes de saison : par Mes Courses pour la Planète

Comment l’électricité pollue-t-elle ? : par Un Pas pour la Planète

Ecosia : site internet

Lilo : site internet

Pour sauver la planète, commencer par nettoyer vos boites : article de 20minutes

Lundi Vert : site internet

Lundi Vert : appel pour un lundi vert

Kurzgesagt : chaîne YouTube

ZEvent, les jeux vidéo rendent généreux

C’est un événement sans précédent. Le week-end dernier (10 et 11 novembre 2018) avait lieu le ZEvent, un marathon de stream caritatif au cours duquel 39 streamers se sont réunis. De vendredi soir à 20h jusqu’à lundi matin à 1h, et au terme de 53 heures de live, ils ont récoltés plus d’un million d’euros pour Médecins sans frontières.

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Tous les streamers réunis à la fin de la diffusion. © Timo Verdeil

Mais le stream, qu’est-ce que c’est ? Un stream (de l’anglais, signifiant « flux » ou « flot ») est une diffusion en direct d’un contenu. On peut parler de streaming pour la diffusion de séries, films, musiques… en ligne (en opposition au téléchargement), mais ce qui nous intéresse ici c’est la diffusion en direct au sens de diffusé en même temps que le tournage. Les personnes qui streament du contenu sont appelés des streamers. Si les streams ont en majorité lieu sur la plateforme de diffusion en direct Twitch, il peut également il y avoir du streaming sur Youtube et plus rarement Twitter, Instagram ou Facebook.

Le stream caritatif n’en était pourtant pas à son coup d’essai en France. Créé par Adrien « ZeratoR » Nougaret et Alexandre « Dach » Dachary, le ZEvent prend ses sources début 2016 quand les deux joueurs décident de se réunir avec 14 autres streamers afin de participer au Projet Avengers, une opération caritative lancée par le belge Athene. Alors réunis dans le salon de ZeratoR et après 34 heures de diffusion, les 16 gamers avaient réuni plus de 170 000€ au profit de l’ONG Save the Children.

En septembre 2017, une deuxième édition a lieu, l’événement utilisant alors pour la première fois le nom de ZEvent. Cette fois-ci, ce sont 30 streamers qui se réunissent aux côtés de ZeratoR et Dach dans une cave, au profit de la Croix Rouge et des sinistrés de l’ouragan Irma, passé quelques jours avant dans l’Atlantique. L’équipe de ZEvent avait récolté plus de 500 000€ en dons et en achat de tshirts à l’effigie de l’événement. L’action avait d’ailleurs été saluée sur Twitter par Emmanuel Macron, alors déjà Président.

Annoncé un mois avant par ZeratoR, le ZEvent 2018 regroupe alors 38 streamers en plus de lui-même et de Dach. L’événement réussira l’exploit de réunir plus d’un million d’euros de dons et achats de tshirts, le tout venant pour la grande majorité du public. Seul un don de 10 000€ sera réalisé par Riot Games, éditeur de League of Legends, jeu qui a fait les beaux jours de nombre de streamers présents à l’événement. L’autre exploit réalisé par le ZEvent 2018 était de réunir un peu plus de 400 000 spectateurs tous lives confondus, et ce un lundi à presque 1h du matin, hors période de vacances scolaires. L’efficacité du ZEvent est impressionnante, tout en prenant en compte le fait qu’il n’a profité de presque aucune exposition médiatique : hormis quelques articles de presse régionale, tous les papiers publiés à ce sujet l’ont été après la fin de l’événement, un acte d’ailleurs critiqué par ZeratoR lui-même dans un tweet publié le 12 novembre.

Au tout début de l’événement, les 100 000 premiers euros de dons sont atteints en moins de deux heures. En tout fin, il faudra moins de trente minutes pour passer des 850 000€ déjà engrangés à un million d’euros, pour preuve de la réactivité et de la générosité des spectateurs. Pas dérangée par la fatigue accumulée, la salle explose à l’annonce du palier du million d’euros. S’ensuivent larmes, danses et cris de joie. « Tu sais que j’avais jamais pleuré de joie de ma vie ? » confie ZeratoR à Dach assis à côté de lui. Un autre streamer, Laink, pleure également devant ses spectateurs. « Je crois que vous et nous on a tous été à notre manière un peu utiles ce week-end », dit-il tout en continuant tant bien que mal de jouer.

Larmes
Les streamers Dach (gauche) et ZeratoR en larmes (droite) après l’annonce du palier du million de dons. © Timo Verdeil

Les différents streamers se sont en outre engagés à réaliser différents défis en fonction des paliers de dons, pour inciter les spectateurs à donner : certains vont par exemple arrêter de fumer, alors même qu’environ 18 d’entre eux prévoient de se raser les cheveux en direct sur Twitch le vendredi suivant, une information annoncée sur Twitter par ZeratoR le 15 novembre.

En dehors des évidents bienfaits qui seront apportés par la quantité astronomique d’argent récoltée par les 40 streamers du ZEvent 2018, l’événement permet de soulever une question qui revient régulièrement au sein des médias : la diabolisation du jeu vidéo. Effectivement, les conclusions de ce marathon caritatif entachent sérieusement la crédibilité du cliché du joueur lambda : d’un adolescent seul dans sa chambre, volets fermés, solitaire, égoïste et dans son monde, on passe à un rassemblement d’un peu moins d’une cinquantaine de personnes qui permettent de soulever plus d’un million d’euros pour la charité tout en jouant ensemble. En témoignent la partie générale de Just Dance tweetée par ZeratoR ou les photos prises par Timo Verdeil (consultables ici), le photographe de l’événement, l’ambiance et la sympathie étaient au rendez-vous entre les streamers, de jour comme de nuit.

Dès lors, ne serait-il pas temps de donner aux joueurs, et même au jeu vidéo en général la crédibilité qu’ils méritent ? Si le cliché du joueur lambda dépeint auparavant a pu être exact un jour (et encore), au vu des personnalités du jeu vidéo présentes à cet événement, il est clairement obsolète. Le jeu vidéo n’est plus réservé ni aux hommes (même si l’édition 2018 du ZEvent et le milieu du stream restent majoritairement masculins, 6 streameuses étaient présentes, comme Aayley ou Jeel) ni aux jeunes (certains des streamers présents sont mariés ou même pères de famille). En effet, l’avènement et le développement de l’industrie du jeu vidéo a permis la création de différents types de jeux pour correspondre à tous les profils et toutes les personnalités. Au ZEvent, cette diversité de choix était visible. De Fifa à League of Legends, en passant par Fortnite, Trackmania (un jeu de courses) ou même Euro Truck Simulator (un simulateur de livraison de marchandises en camion), tous les goûts étaient représentés, ce qui peut également entre autres expliquer le succès de l’événement.

Si l’événement était dès le départ prévu comme un marathon de stream de jeux vidéo, il serait malvenu de le réduire à ça : l’un des streamers présents, Nyo, à la tête de l’émission Draw Whatever sur la Web TV Le Stream, a proposé tout au long du week-end aux gamers présents de dessiner ou de peindre sur des toiles. Le ZEvent a même accueilli sur ses terres le plateau d’une émission d’NRJ, Domingo Radio Stream, dirigée par quatre des streamers invités à l’événement.

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Les streamers Nyo (gauche) et Dach (droite) en train de peindre. © Timo Verdeil

Mais quel avenir pour le ZEvent ? S’il est évidemment bien trop tôt pour se prononcer à propos d’une éventuelle édition 2019, ZeratoR et Dach, les organisateurs, semblent confiants. « Si on peut le faire, on aimerait le faire », répond Dach lorsque, pendant leur passage dans l’émission Domingo Radio Stream du 11 novembre 2018, on leur demande s’ils prévoient désormais de se fixer le rythme d’un ZEvent par an. Un rythme qui serait appréciable, tant les effets positifs de ce type d’événements ne sont plus à démontrer.

Crédit photo : Timo Verdeil (Twitter)

L’infographie regroupant toutes les informations sur l’édition 2018 du ZEvent, twittée par ZeratoR le 15 novembre 2018 :